Fonte des glaces : l’ONU annonce de graves conséquences pour des milliards de personnes

Des milliards de personnes à travers le monde verront leur avenir marqué par le réchauffement climatique qui s’installe. Un nouveau rapport commandité par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en dresse un sombre tableau.

Le Rapport Global Outlook for Ice and Snow, auquel plus de 70 experts du monde ont participé au côté du PNUE, constitue une contribution importante à l’Année Polaire Internationale, célébrée de 2007 à 2009. « Bien que ce rapport porte sur la glace et la neige, il concerne aussi bien les personnes résidant dans les tropiques ou sous des cieux tempérés – de Berlin à Brasilia, en passant par Beijing et Boston – que les habitants de l’Arctique ou des régions de montagnes recouvertes d’une calotte glaciaire », a déclaré Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE dans un communiqué publié récemment.

L’approvisionnement en eau sera affecté

Selon ce rapport sur les perspectives mondiales pour les glaciers et la neige, « la perte de la neige et le recul des calottes glacières des montagnes d’Asie auront un impact direct ou indirect sur 40% de la population mondiale ». A commencer par les régions côtières et les îles de faible altitude qui devront faire face à l’élévation des niveaux de la mer. Ensuite l’approvisionnement en eau douce, pour l’agriculture et la consommation, sera affecté. Les régions montagneuses vont connaître des profonds bouleversements écologiques et donc économiques.

Les catastrophes naturelles prévisibles

Des Alpes aux Andes en passant par les Pyrénées, les pays, les communautés, les fermiers et les centrales électriques font face à des défis semblables : augmentation de risques tels que les avalanches et formation de lacs gelés. Ces lacs pourraient rompre leurs digues et déverser des murs d’eau sur les vallées à une vitesse semblable à celle de missiles antichars modernes. La hausse des températures et la fonte des sols gelés (le pergélisol) entraînent l’expansion et la formation de nouvelles étendues d’eau en Sibérie par exemple. Des zones de bouillonnement à méthane apparaissent alors sous la glace de ces lacs dits de dégel, et le violent dégagement du gaz dans l’atmosphère brise la glace. Or, le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Et les dernières recherches indiquent que les lacs de dégel produiraient 5 fois plus de méthane que prévu.

Moins de protection contre la chaleur du soleil

Parallèlement, une moindre quantité de neige et une diminution de la glace implique que les rayons solaires ne sont plus autant réfléchis. L’absorption de la chaleur solaire augmente et à son tour accélère le réchauffement climatique mondial. Les experts craignent que ce genre de rétroaction conduise à des changements climatiques rapides et soudains. Les répercussions sur les populations, les économies, et la faune sauvage risquent d’être très importantes. L’affaire du siècle De nombreuses communautés autochtones n’ont ni les moyens financiers ni les connaissances technologiques nécessaires à l’adaptation. De plus, plusieurs régions du monde ne sont actuellement pas en mesure de suivre le rythme des changements climatiques. « 2007 marque l’année du dégel, en terme du changement climatique, ses fondements scientifiques, ses impacts et coûts probables. En effet, le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat a conclu que la facture s’élèverait à moins de 0,1% du PNB annuel mondial. Faire face au défi que pose le changement climatique représente donc l’affaire du siècle », a dit Achim Steiner.

Le chaînon manquant

« Le chaînon manquant est une volonté politique universelle. Le rapport rendu public aujourd’hui devrait donner les arguments nécessaires aux populations pour leur permettre de prendre leurs leaders à partie, et les encourager à leur demander de combien la température devrait encore augmenter avant qu’ils n’agissent en faveur d’un accord, équitable et visionnaire, de réduction des émissions à Bali en décembre prochain », a expliqué M. Steiner. Plus haute, la mer Si les gaz à effet de serre ne sont pas réduits au 21ème siècle ou si la hausse des températures dans l’atmosphère et en mer continue de déstabiliser certaines régions des inlandsis de l’Antarctique et du Groenland qui renferment 98 à 99% des masses de glace d’eau douce de la planète, le niveau des mers s’élèvera de plusieurs mètres. Un dégel de l’ordre de juste 20% au Groenland et cinq% en Antarctique résulterait en une élévation de quatre à cinq mètres. La fonte totale du Groenland résulterait en une élévation de sept mètres du niveau de la mer. Le phénomène qui a déjà commencé depuis un bon moment a provoqué une élévation annuelle de 3 millimètres du niveau de la mer depuis 1990. L’Asie en danger Savoir de combien la glace risque de fondre est donc d’une importance primordiale pour 145 millions de personnes des régions et des îles basses qui seront exposées à des inondations. L’Asie est la région la plus affectée avec les méga deltas du Ganges-Brahmapoutre, du Mékong et du Nile. Le pays de faible altitude le plus en danger est le Bangladesh. D’un point de vue économique, une élévation d’un mètre du niveau de la mer se traduira en près de 950 milliards de dollars à la charge des communautés et du secteur industriel et de l’infrastructure.

Moins de neige en montagne

La surveillance satellite montre que la couverture hivernivale de neige dans l’hémisphère nord a enregistré une baisse de 1,3% au cours de chaque décennie depuis la fin des années 1960. L’Ouest des Etats-Unis, et plus particulièrement le Nord Ouest Pacifique au printemps, font partie des régions qui subissent les pertes les plus importantes. C’est là que la quantité d’eaux de fonte a baissé de 50 à 75% ces dernières décennies. Le déclin de neige en hiver ne serait toutefois pas uniforme. Certains modèles indiquent des réductions de 60 à 80% dans les latitudes moyennes d’Europe d’ici la fin du siècle, mais des augmentations en Sibérie et dans l’Arctique Canadien pendant la même période. Les risques de jökulhlaup Le rapport note particulièrement la formation de lacs suite à la fonte des glaciers et les risques de jökulhlaup, c’est à dire de brusques coulées d’eau libérée par un glacier. Ce type de crue brutale, appelée aussi débacle glaciaire, est particulièrement puissant et dévastateur : il peut déverser jusqu’à 100 millions de mètres cubes d’eau à une vitesse de 10.000 mètres par seconde sur des vallées vulnérables. L’Himalaya, Tien Shan et les Pamirs du Tadjikistan, ainsi que les Andes et les Alpes européennes font partie des régions montagneuses en danger. Et cela n’est ni de la science-fiction, ni du cinéma catastrophe. En effet en juillet 1998, un jökulhlaup dans la vallée de Shahimardan au Kirghizistan et en Ouzbékistan a fait plus d’une centaine de morts.

Pénurie d’eau

Les glaciers des régions montagneuses de l’Himalayas-Hindu Kush, Kunlun Shan, Pamir and Tien Shanan rétréciront d’un peu plus de 40 jusqu’à 80% d’ici 2100 et la couverture glaciaire de certaines chaînes de montagnes pourrait même disparaître entièrement selon les modélisations climatiques en cours. 2,4 milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale actuelle, sont tributaires des eaux de fonte d’été de ces glaciers. Les fleuves comme le Syr Darya, l’Amu Darya, l’Indus, le Gange, le Brahmapoutre, le Yang-Tsê Kiang et le Hang He, ou fleuve Jaune sont donc menacés. 1,3 milliards de personnes seraient exposées à des pénuries d’eau plus fréquentes et de nombreux autres à des perturbations qui affecteraient leurs récoltes, leurs industries et leur production énergétique. Source : Communiqué ONU / PNUE (4 juin 2007)

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